Le 10 octobre, à l'Auditorium du Ministère de la transition écologique, l'Adivet a organisé un colloque sur "Bâti végétalisé et gestion de l'eau". Voici la synthèse des présentations de cette journée.

L’Adivet organisait mardi 10 octobre 2023 un colloque sur « Bâti végétalisé et gestion de l’eau », au Ministère de la transition écologique. Le changement climatique induit des épisodes pluvieux plus rares mais plus intenses ainsi que des périodes de sécheresse et de fortes températures qui posent de nombreux problèmes, tout particulièrement dans un cadre urbain dense.
Quels rôles la végétalisation du bâti peut-elle jouer dans ce cadre ?
A quelles conditions, dans quelles limites ?
Quelles sont les perspectives d’avenir ?
Des intervenants d’horizon divers ont apporté leurs éclairages, analyses et expériences sur cette problématique. Cette journée a aussi été l’occasion d’échanges au cours de moments de convivialité pour les 170 participants – l’auditorium affichait complet.

Après l’accueil d’Etienne Brunet, chef de bureau/DHUP/DGALN/Ministère de la transition écologique, Frédéric Madre, président de l’Adivet, co-fondateur de Topager et chercheur associé au Cesco-MNHN, introduisait la journée, laissant le micro à Pierre Cazeneuve, député des Hauts-de-Seine, membre de la Commission du Développement Durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, pour le mot d’ouverture. Celui-ci a placé la végétalisation du bâti comme un « acte essentiel pour rafraîchir la ville quand tout est artificialisé » qui saura également participer à la qualité de l’air ou à la biodiversité. Elle aura à répondre à l’enjeu de l’eau qui, si elle est parfois en surabondance, montre surtout sa raréfaction. Il lui apparaît incontournable de mettre en place des politiques publiques ambitieuses, « de nombreux pays nous montrant l’exemple comme l’Italie ou l’Espagne et, surtout Israël qui réutilise 95 % de l’eau ». « Comment faire », a-t-il repris, « pour qu’une goutte d’eau ait plusieurs vies ? », l’objectif étant de concilier les problématiques du climat et de la biodiversité, plutôt que de les opposer, le bâti végétalisé étant une illustration d’une des réponses que l’on peut apporter.

Sélim Kebir, ingénieur des travaux de la météorologie Météo-France, chef prévisionniste régional, a ensuite pris la parole pour dresser un état des lieux en termes de climat, aujourd’hui et dans les années à venir. Chiffres à l’appui, il a décrit l’évolution climatique, marquée par une augmentation moyenne des températures et l’allongement des vagues de chaleur, tandis que les précipitations, très variables d’une année à l’autre, décroissent (assèchement) mais s’intensifient lors des épisodes pluvieux.
Les projections du GIEC montrent une situation contrastée en France dans les années futures avec une sécheresse au sud et une humidification et des nuits chaudes au nord, mais un réchauffement pour l’ensemble du pays plus rapide que pour le reste du monde. Il a conclu en soulignant le rôle de l’urbanisation quant au ruissellement.

Jean-Jacques Hérin, président et co-fondateur de l'Adopta (Association pour le développement opérationnel et la promotion des techniques alternatives) et président de la section Hauts-de-France de l'Astee, a présenté l’histoire de la gestion des eaux de pluie en France. Il a rappelé qu’avant le XIXe siècle, l’eau était vectrice de mort, véhiculant notamment le choléra. La politique hygiéniste déployée par Napoléon III a amené l’ingénieur Belgrand à mettre en place le tout à l’égout et le réseau d’eau potable à Paris. Mais c’est aussi l’époque où les rues sont pavées, empêchant l’infiltration de l’eau. Il faudra attendre 1944 pour voir la première station d’épuration. Arrive enfin le principe de réseau séparatif qui permet de ne plus traiter les eaux pluviales comme un déchet. Cependant, l’artificialisation des sols – entre 1987 et 2011, tandis que la population croît de 23 %, l’artificialisation augmente de 42 % - ne permet plus à l’eau de s’infiltrer : une goutte d’eau met deux jours pour aller de Paris à la mer, elle aurait mis des dizaines d’années auparavant…
Il importe donc d’interroger les outils de cette politique hygiéniste, ainsi que l’urbanisme et les modes de construction, en mettant en place des dispositifs alternatifs au tout réseau car il ne faut pas oublier que l’eau potable vient du sol. Il faut ainsi infiltrer et, sinon, tamponner car l’eau qui ruisselle se charge de pollution, en restant le plus près possible du grand cycle naturel de l’eau. Quant aux toitures, en ville, selon le type d’urbanisation, elles occupent environ 30 % des surfaces imperméables et doivent donc être intégrées dans la réflexion sur la gestion de l’eau.

Charly Duperrier, chargé de l’animation des services de l’État de la région Île-de-France dans la mise en œuvre des politiques publiques d’assainissement des eaux usées et de gestion des eaux pluviales - DRIEAT (Direction Régionale et Interdépartemental de l’Environnement, de l’Aménagement et des Transports) d’Ile-de-France, a fait le point sur la réglementation – complexe et éparpillée car répondant à des enjeux multiples – de la gestion des eaux pluviales. Au niveau européen, on trouve la directive de 2000 pour reconquérir la qualité des milieux aquatiques et celle de 1991 sur les eaux résiduaires urbaines. En France, l’arrêté du 21/07/2015 vise à limiter le déversement par temps de pluie en gérant l’eau à la source, la végétalisation du bâti pouvant être l’une des solutions pour y répondre. Issue de la loi sur l’eau de 1992, la liste des IOTA (installations, ouvrages, travaux et activités) soumis à déclaration ou à autorisation auprès des services de l’État est définie dans une nomenclature au sein du code de l’environnement.
L’arrêté du 21/08/2008 valorise l’usage de l’eau de pluie, notamment pour l’arrosage des espaces verts et de la végétalisation du bâti, en dehors des bâtiments accueillant des publics fragiles (crèches, ehpad, hôpitaux, etc.).
Au plan local, le SDAGE (au niveau des bassins versants) veille à ce que les projets soient compatibles avec la politique du bassin. Le SAGE (plus local) est fonction des enjeux des territoires. Le règlement qu’il fixe doit être strictement respecté, sachant que, de plus en plus, ce document limite les rejets.
D’autres planifications existent qui peuvent encadrer la gestion de l’eau, auxquels s’ajoutent des guides.

Pierre-Antoine Versini, chercheur au laboratoire Hydrologie, Météorologie et Complexité de l’École des Ponts (HM&Co - ENPC), a abordé la problématique à l’échelle de la ville. Dans un contexte de changement climatique et où les urbains sont de plus en plus nombreux, le concept de « ville éponge » est apparu puis celui d’une approche « zéro rejet » grâce notamment à des solutions fondées sur la nature. Aujourd’hui, chaque collectivité ayant ses références et ses règles, il importe d’avoir une approche systémique pour répondre à tous les cas de figure mais aussi de savoir évaluer les performances des solutions.
Concernant la terminologie :
Un épisode pluvieux de référence se décrit par :
- Précipitation (en mm)
- Période de retour (en année)
- Durée (en heure)
La règle du « zéro rejet » se décline selon les notions de :
- Abattement (en mm)
- Durée de rétention (en heure)
- Débit de fuite (en L/s/ha)
Les solutions alternatives permettent la gestion de l’eau à la source, que ce soit avec les jardins de pluie, les bassins, les filtres plantés, les noues ou les toitures végétalisées.
Pour dimensionner une solution – la hauteur du substrat d’une toiture végétale par exemple -, l’approche se fait aussi bien en s’appuyant sur des données météorologiques réelles (mesure des précipitations fine) que sur des modèles pour simuler un événement pluvieux. Il est donc possible de scénariser un dispositif en établissant son bilan hydrique et en se fixant des objectifs de performances.

Philippe Faucon, ingénieur horticole, chargé d’études au CRITT Horticole, a présenté le cycle de l’eau au niveau de la plante puis du substrat.
Les plantes sont essentiellement de « l’eau bien emballée » puisqu’elles se composent de 90 à 95 % d’eau. Si les plantes assurent la fonction de la photosynthèse qui capte le carbone, il ne faut pas oublier qu’elles respirent aussi. A noter la spécificité des sedums qui sont des plantes CAM (Crassulacean Acid Metabolism ou Métabolisme Acide Crassulacéen) dont la photosynthèse se fait en deux temps au lieu de simultanément entre :
- Nuit : stomates ouverts qui permettent l’entrée du dioxyde de carbone ;
- Jour :  stomates fermés (plus d'alimentation en dioxyde de carbone) mais phase photochimique de la photosynthèse qui crée l’énergie chimique, transformant le CO2 en sucres.
Les plantes transpirent au niveau des feuilles, 1 m² de de feuillage évaporant plus de 0,5 L/jour. Cette eau est à nouveau disponible, par exemple pour rafraîchir. Les échanges gazeux de la plante se trouvent au niveau des stomates, sur les feuilles. Cependant, toutes les plantes n’evapotranspirent pas de la même façon, en fonction de leur espèce, de leur âge, etc.
Quand une plante est en stress hydrique, il n’y a plus ni photosynthèse, ni évapotranspiration, ni développement, sachant que les plantes s’adaptent (aiguilles des conifères, épines des cactées, fermeture des stomates, etc.).
Concernant le substrat, celui-ci est constitué de matière, d’air et d’eau. Il a cinq grands rôles vis-à-vis des végétaux :
- mécanique : tenir et ancrer les racines ;
- nutritif : stocker et mettre à disposition les éléments minéraux de façon soluble afin qu’ils soient assimilables ;
- hydrique : stocker et mettre à disposition l’eau ;
- drainer pour permettre l’oxygénation des racines ;
- biologique : héberger et nourrir des micro-organismes.
La sélection du bon substrat est cruciale pour maximiser ces bénéfices. Un certain nombre de dysfonctionnements peuvent susciter des problèmes : ruissellement excessif, érosion du substrat, asphyxie racinaire, salinisation, mauvaise filtration.
Ceci implique que, pour une toiture végétale, on soit attentif à cet écosystème très particulier, en fonction des objectifs, notamment en termes de gestion de l’eau, qu’on se fixe : rétention d’eau, qualité des eaux de ruissellement, choix et mise en œuvre des végétaux, entretien et arrosage de soutien. Quant à la façade végétale, si elle partage tous les points précédents avec la toiture végétale, elle ne joue pas de rôle dans la gestion des eaux pluie et pose la question de la ressource en eau.

David Ramier, chargé de recherche en hydrologie urbaine au Cerema, a ensuite décrit comment le bâti végétalisé agit lors d’un épisode pluvieux. Lors d’une pluie, celle-ci est interceptée par les végétaux et le substrat qui, lorsqu’il est saturé, rejette l’eau. Le substrat agit en fonction de sa teneur en eau initiale, retenant moins les précipitations s’il est déjà humide.
A noter que la CME (capacité maximale en eau = quantité d’eau (volume/m² de toiture) retenue par les matériaux constitutifs du complexe de culture après saturation en eau pendant 24 h puis ressuyage pendant 2 h) n’est pas d’autant plus importante que l’épaisseur de substrat est forte. Cependant, l’épaisseur du substrat à une forte influence sur la capacité de rétention et l’évapotranspiration.
La présence des végétaux permet un séchage plus lent et donc une évapotranspiration qui durera plus longtemps. Si les graminées evapotranspirent plus, à un instant T, que les sedums ceux-ci ont une évapotranspiration plus importante dans le temps en cumulé, surtout si les graminées ont souffert de la sécheresse.

Vincent Trottet, responsable commercial chez France Arrosage, a tout d’abord souligné que l’évapotranspiration ne sera pas constante, étant fonction de là où l’on se situe. Elle est par exemple deux fois plus importante à Marseille qu’à Rouen. Il a également indiqué que la valeur d’évapotranspiration devait être pondérée par le coefficient cultural (Kc) des végétaux. Ainsi, l’orpin (Kc = 0,2) à Marseille (ETP = 7,3 mm soit 7,3 L/m²) évapotranspirera de 7,3 x 0,2 = 1,46 mm tandis qu’à Rouen (ETP = 4 mm), il évapotranspirera de 4 x 0,2 = 0,8 mm. Il importe donc de bien sélectionner les plantes souhaitées en fonction de résultats attendus.
Concernant l’arrosage, les Règles professionnelles pour les toitures végétalisées (RP TTV) précisent pour :
- toiture extensive : arrosage suivant la région géographique ;
- toiture semi-intensive : arrosage obligatoire.
Les RP TTV indiquent également l’obligation d’un point d’eau à 30 m maximum de tout point de la toiture végétalisée.
L’irrigation permet de se prémunir d’une sécheresse extrême. Il importe donc de faire une étude au préalable pour déterminer la solution la mieux adaptée au climat local et à la toiture végétale : aspersion ou micro-irrigation (goutte-à-goutte en surface, enterré ou natte d’irrigation). Le dispositif peut intégrer un programmateur et des sondes (permettant une économie d’eau jusqu’à 45 %, donc de réduire les coûts à long terme et de préserver la ressource en eau). Il faudra bien veiller à la maintenance (vidange avant l’hier, purges et remise en eau au printemps).

Cédric Fontaine, gérant-fondateur de Fontaine Ingénierie, a tout d’abord mis en perspective quelques chiffres : 1 m2 de toiture (non végétalisée) = 800 L ce qui correspond à :
- 200 chasses d’eau ;
- 16 lavages de véhicule à la haute pression ;
- 10 000m2 de sols lavés.
Les eaux de pluie captées par une toiture non accessible au public font partie des « eaux non conventionnelles ». Même en cas d’arrêté sécheresse on peut arroser sa toiture végétale dès lors que l’on puise l’eau dans son système de rétention propre qui doit être déconnecté physiquement du réseau de récupération des eaux de pluie et de celui de l’eau de la ville.

Cinq retours d’expérience ont été partagés par des adhérents Adivet :

  • Traitement et réutilisation des eaux grises en toiture par des végétaux filtrant pour, notamment, l’arrosage des toitures végétalisées, par Lionel Sindt, responsable technique de Sopranature (Skywater Clear) ;
  • Réponse à une forte contrainte locale demandée par le PLU (Royan) pour la gestion des eaux pluviales avec une obligation de débit de fuite de 1 L/s/ha, par Nicolas Lepesant, chargé d’affaire chez Knauf Insulation (Urban Scape) ;
  • Deux exemples de toitures végétales, dont une de plus de 20 ans, pour gérer les eaux pluviales et stocker l’eau de pluie pour leur irrigation grâce à des solutions adaptées (grille alvéolaire, drain, retardateur) par Pierre Georgel, dirigeant d’Ecovegetal (Lavandulis, Aquaset Neo et Limito) ;
  • Solution de gestion des eaux pluviales pour des bâtiments du Village des athlètes pour les JO 2024 dans un cadre d’obligations multiples : déconnexion, circulation, biodiversité, intégration de panneaux photovoltaïques, etc. par Jean-Christophe Grimard, directeur R&D du Prieuré (Oasis Green, Walk et Bio Solar) ;
  • Double façade végétalisée composée de 4 800 plantes consommant 800 L d’eau/jour qui leur sont apportés par les pluies récupérées sur les toitures et les fossés, et stockées en cuve, par Ben Pycke, responsable technique chez Greentexx.

Sébastien Derieux, chargé d’opérations spécialisé sur le territoire de Paris et des Hauts-de- Seine - Agence de l’eau Seine-Normandie, a présenté les accompagnements financiers proposés par les agences de l’eau des six bassins versants français pour les toitures végétalisées. Comme illustration, la rénovation d’un bâtiment de la Ville de Paris en ferme urbaine a été présentée. Les conditions d’éligibilité et les démarches à effectuer ont été détaillées, ainsi que le calcul de l’assiette, pour l’Agence de l’eau Seine Normandie puis pour l’ensemble des agences (à retrouver sur le site de l’Adivet : https://www.adivet.net/toitures-et-terrasses-vegetalisees puis « Le financement »).

La table ronde, animée par Adeline Dionisi, rédactrice en chef d’Etanchéité.info et Bardage.info rassemblait :

  • Jean-Christophe Aguas, directeur de la R&D chez Le Sommer Environnement ;
  • Gaëlle Bulteau, ingénieure au sein de la Direction de l’Eau au CSTB;
  • Vincent Lapeyre, chef de projet « qualité environnementale des bâtiments et des produits" à la DHUP/Ministère de la transition écologique;
  • Nathalie Leroy, directrice de projet, animatrice de la cellule paysage au sein du pôle Territoires chez Arte Charpentier.

Le sujet portait sur « Quelle gestion de l’eau pour demain ? »
G. Bulteau a décrit les différentes eaux : eau potable, eaux de pluie et eaux non conventionnelles. Si ces dernières n’ont pas de définition réglementaire, on peut les définir comme les eaux autres que celles issues de la ressource naturelle et traitée en fonction de leurs usages (Astee). V. Lapeyre a dépeint la réglementation existante les concernant, soulignant qu’actuellement on peut avoir recours aux eaux grises sur arrêté préfectoral appuyé par un avis de l’Anses et de l’ARS locale. Un projet de texte est en cours pour éviter d’avoir recours à l’arrêté préfectoral, dont la publication devrait intervenir courant 2024.
N. Leroy a souligné que les donneurs d’ordre étaient maintenant convaincus pour les intégrer dans la conception des bâtiments. G. Bulteau a abondé en indiquant qu’il existe aujourd’hui plusieurs techniques matures pour traiter les eaux grises (biologique, membranaire, etc.) permettant leur utilisation principalement pour les toilettes et l’arrosage des espaces verts et des toitures et façades végétales. Pour que la France puisse atteindre le niveau, au moins, de l’Italie ou de l’Espagne (qui réutilisent 10 % de leurs eaux grises), il faudrait une règlementation qui donne davantage de repères : qualité attendue, usages, etc. N. Leroy a pointé le fait qu’il faut aussi prendre en compte les freins historiques et d’acceptabilité. J.-C. Aguas a souligné qu’il ne fallait pas opposer eaux de pluie et eaux grises mais les intégrer dans une même réflexion en distinguant les usages qui peuvent en être faits pour chacune d’entre elles, d’une multi-source de provenance à de multi-usages comme l’a proposé G. Bulteau.
J.-C. Aguas a posé la question du prix de l’eau qui est (encore) trop faible pour inciter véritablement les donneurs d’ordre à chercher des solutions alternatives, invitant à militer en faveur de la réutilisation de ces eaux non conventionnelles… pourquoi pas en subventionnant ces dernières (N. Leroy) ?
Enfin, G. Bulteau a conclu en insistant sur l’importance de la formation des acteurs pour que tous partagent un même niveau de connaissance, pour disposer de règles communes et articuler les périmètres de chacun.

Après une brève présentation du GreenRoofScore de l’Adivet – notamment des indicateurs concernant la gestion de l’eau -, Christian Piel, dirigeant d’Urbanwater, a partagé ses réflexions lors de la conférence de clôture. Grâce aux solutions fondées sur la nature, on peut aujourd’hui à la fois répondre à la problématique de la gestion des eaux pluviales lorsqu’elles sont surabondantes et apporter d’autres bénéfices dont nous avons urgemment besoin. Et même si la règlementation est complexe, elle va dans le même sens comme en témoigne le PLU de Nantes.
Concernant les toitures végétales, devant elles « s’ouvre un avenir béni » mais avec plusieurs enjeux à prendre en compte :

  • Veiller à la qualité de leurs sols, par définition « artificiels » pour qu’ils apportent les fonctionnalités qu’on en attend (être des « éponges » mais aussi évaporer pour apporter de la fraîcheur et suffisamment riches en termes de biodiversité) ;
  • S’assurer de leur irrigation, suffisante, pour qu’elles evapotranspirent et apportent de la fraîcheur, certes en recueillant et utilisant les eaux de pluie mais aussi grâce aux eaux grises ;
  • Travailler sur la palette végétale pour privilégier les espèces qui evapotranspirent le plus ;
  • Raccorder ces toitures avec le sol pour qu’elles s’inscrivent dans le cycle de l’eau et se connectent avec la nappe phréatique ;
  • Qu’elles accueillent davantage les usagers pour la dimension biophilique qu’elles leur apportent ;
  • Disposer de documents d’urbanisme ou de planification qui n’imposent pas des charges impossibles à mettre en œuvre (par exemple 1 m de terre végétale !).

Nous devons appréhender la ville non plus comme combattant la pluie mais comme intégrant celle-ci, en articulant les solutions les unes avec les autres.

Enfin, Frédéric Madre a remercié les intervenants et les participants, saluant « cette journée, avec ses interventions et ses échanges riches pour un sujet toujours plus d’actualité, urgent et pour lequel les innovations, dans un cadre réglementaire favorable, sont nécessaires. » Il s’agit de répondre à l’ensemble des problématiques : gérer l’eau – en surabondance comme lorsqu’elle est rare -, mais aussi apporter de la fraîcheur dans la ville qui surchauffe, accueillir la biodiversité, protéger la santé et le bien-être des habitants… et produire de l’énergie « propre », par exemple grâce aux toits « biosolaires ».

Rendez-vous au prochain colloque Adivet !

 

L’Adivet remercie tous ceux grâce à qui ce colloque a pu avoir lieu :
- Le Ministère de la transition écologique pour son accueil dans son auditorium et la captation audio du colloque ;
- Les intervenants ;
- masalledebain.com qui, par son mécénat, a permis le montage des podcasts des présentations.

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Les intervenants

Pierre Cazeneuve
Député de la 7e circonscription des Hauts-de-Seine, Membre de la commission du Développement Durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale A l’âge de 18 ans, il fonde le parti Allons Enfants et est élu conseiller municipal de Saint Cloud sous cette même étiquette. Diplômé de Sciences Po et d’HEC, il devient Directeur Produit dans une startup spécialisée dans les dispositifs médicaux. En 2020, il rejoint la Présidence de la République en tant qu’adjoint au Chef de cabinet d’Emmanuel Macron. Il est élu député aux élections législatives de 2022. Il est l'un des corapporteurs du projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables.

Selim Kebir
Ingénieur des travaux de la météorologie chez Météo- France, il est Chef
Prévisionniste Régional pour la région Ile-de-France. Sensibilisé au changement climatique de par son parcours, son poste et les situations extrêmes auxquelles il a pu être confronté, il fait partie du réseau des « porte-parole » de Météo-France.

Jean-Jacques Hérin
Président et co-fondateur de l'ADOPTA (Association pour le Développement Opérationnel et la Promotion des Techniques Alternatives) et Président de la section Hauts de France de l'Astee. Ancien directeur technique à Douaisis Agglo (59), à l'origine de la mise en oeuvre de la politique de Gestion Durable et Intégrée des Eaux Pluviales (GDIEP) sur le Douaisis, dès 1992.

Charly Duperrier
Après avoir exercé différentes missions au sein des agences de l’eau, il a rejoint la Direction Régionale et Interdépartemental de l’Environnement, de l’Aménagement et des Transports d’ïle-de-France. Il est chargé de l’animation des services de l’État de la région Île-de-France dans la mise en oeuvre des politiques publiques d’assainissement des eaux usées et de gestion des eaux pluviales.

Pierre-Antoine Versini
Chercheur au laboratoire Hydrologie, Météorologie et Complexité de l’École des Ponts (HM&Co - ENPC), Docteur en hydrologie urbaine et titulaire d’une habilitation à diriger la recherche, ses travaux s’intéressent aux Solutions fondées sur la Nature comme outils d’adaptation au changement climatique. A ce titre il coordonne et participe à différents projets collaboratifs publiques et industriels en lien avec les toitures végétalisées.

Philippe Faucon
Ingénieur horticole, il est chargé d’études au CRITT Horticole, plus particulièrement en charge de la mise en oeuvre d’un programme de recherche développement sur les bâtiments végétalisés, et est impliqué dans des groupes de réflexion nationaux.Il a participé à la rédaction d’une étude sur les murs végétalisées (Plantes et Cité 2014) et d'un Guide de bonnes pratiques pour l’emploi de solutions végétalisées pour traiter les eaux de pluie en ville (ONEMA/Plantes et Cité). Il a été coordinateur scientifique d’un symposium “Green Cities” (congrès 2022 de L'International Society for Horticulture Science (Angers).

David Ramier
Chargé de recherche en hydrologie urbaine au Cerema depuis 2009, ses travaux concernent principalement la gestion à la source des eaux pluviales urbaines. Dans ce cadre, il a participé aux projets TVGEP et TERRACES qui ont étudié les performances des toitures végétalisées pour la gestion des eaux pluviales et le rafraîchissement urbain. Il travaille au développement de méthodes de mesure de l’évapotranspiration.

Vincent Trottet
En charge de la prescription des produits Rain Bird, il a en également été spécialiste de l’irrigation par goutte-à-goutte. Depuis 2021, Vincent à rejoint l’équipe de France Arrosage, distributeur de matériel d’irrigation et est responsable d’un portefeuille de client sur les secteurs IDF et Occitanie.

Cédric Fontaine
Gérant-fondateur de la société Fontaine Ingénierie. Après une formation en ESC, il a créé, en 2005, une société spécialisée dans la récupération des eaux de pluie. Au fil des années, il a élargi son domaine de compétences à la gestion des eaux à la parcelle tout en se recentrant sur les métiers du conseil. Depuis 2019, il anime des formations auprès d’un public de professionnels de la construction. Il intègre aujourd’hui le recyclage des eaux grises comme solution pour préserver la ressource.

Gaëlle Bulteau
Elle est ingénieure au sein de la Direction de l’Eau du CSTB. Ses thématiques de recherche et expertise portent sur la gestion durable de l’eau à l’échelle du bâtiment et de sa parcelle : recours aux eaux non conventionnelles (eau de pluie, eaux grises) pour certains usages domestiques, et amélioration des connaissances sur les consommations et usages de l’eau dans les bâtiments résidentiels et tertiaires.

Sébastien Derieux
Docteur en chimie de l’eau et de l’environnement, il est chargé d’opérations spécialisé sur le territoire de Paris et des Hauts-de- Seine, à l’agence de l’eau Seine-Normandie. Ses activités principales consistent à accompagner les acteurs publics et privés, dans la réalisation d’opérations de lutte contre la pollution et la protection des milieux aquatiques. Référent chargé d’opérations dans le domaine de la gestion des eaux pluviales à l’agence de l’eau, il contribue à la promotion et à la valorisation de cette politique sur le territoire national.

Vincent Lapeyre
Chef de projet qualité environnementale des bâtiments et des produits à la Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP), au sein du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires.  En charge des sujets de réglementation environnementale des bâtiments, il pilote notamment des travaux réglementaires sur la sobriété des constructions neuves en termes de consommation d’eau potable.

Nathalie Leroy
Directrice de projet chez Arte Charpentier, elle anime la cellule paysage au sein du pôle Territoires. Trouver le  lien entre l’urbain, le construit, et le cycle du vivant (eau, sol, biodiversité), tel est son crédo. Fruit d’un travail de R & D, elle a publié un ouvrage pédagogique sur la gestion alternative des eaux pluviales, mode d’emploi simple et poétique, à destination des acteurs de la ville : le Livr’eau. Avec ces concepts en tête, elle travaille à la conception de quartiers où la nature trouve sa place, en France ou à l’international.

Jean-Christophe Aguas
En tant que directeur de la R&D au sein de Le Sommer Environnement, il développe au sein du bureau d’étude une approche transversale alliant expertise environnementale, expertise territoriale et innovation dans les domaines de l’écocycle de l’eau, du métabolisme urbain, de la construction et de l’aménagement circulaire.

Christian Piel
Il a créé et dirigé durant 20 ans l’agence Composante Urbaine. Fort d’une expérience dans l’intégration du cycle de l’eau en milieu urbain, il développe depuis 10 ans Urbanwater, associant plus étroitement urbanisme et eau, et incluant une dimension nouvelle, celle de l’eau comme support de nature en ville. De l'échelle du grand paysage, en intégrant des problématiques tels que le risque d'inondation, à l'échelle du jardin de pluie, réintroduisant dans la ville le cycle de l'eau.