L’Écho du bâtiment végétalisé n°82

Avec une toiture végétalisée, on a du vivant sur un toit. Qui dit « vivant » signifie entretenir pour veiller à la bonne implantation des végétaux, à leur bon développement mais aussi à s’assurer qu’aucune plante indésirable n’affecte l’ouvrage d’étanchéité. Ce dernier numéro d’Echo du bâtiment végétalisé de la saga des RP TTV détaille le périmètre et le type d’intervention de la maintenance d’une végétalisation de toiture.

Un document pour formaliser l'entretien : le DIUO

L’entretien courant des toitures et terrasses végétalisées est obligatoire. Il doit être défini dans le Dossier d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO) qui doit être formalisé au plus tard à la réception de l’ouvrage.
L’entretien peut prendre la forme de :

  • Un contrat unique entre le maître d’ouvrage et l’entreprise d’étanchéité, portant sur l’ouvrage d’étanchéité et la végétalisation, sur l’ensemble de la toiture y compris les zones stériles ;
  • Deux contrats séparés, l’un pour l’ouvrage d’étanchéité et l’autre sur la végétalisation (fiche d’entretien spécifique).

L’entretien de l’ouvrage d’étanchéité est décrit dans les DTU de la série 43.
L’entretien de la végétalisation est détaillé dans les RPTTV Ed.2018, dans les prescriptions
du fournisseur du système végétalisé et dans la suite de cet article.
noter que, sans contrat d’entretien dès la réception de l’ouvrage, la pérennité du couvert végétal ne peut être exigé…

Entretien Intro

Trois périodes pour l'entretien de la végétalisation

Phases Suivi

Enchaînement chronologique des différentes phases de mise en place et suivi de la végétalisation

1 – Période de parachèvement
Sous la responsabilité de l’entreprise titulaire du marché, la période de parachèvement est comprise entre l’installation de la végétalisation et la réception de l’ouvrage. Sa durée varie en fonction de la coordination du chantier. Les travaux de parachèvement font partie intégrante du marché de travaux.
Recommandation : il est préférable de procéder à une réception partielle dès l’achèvement des travaux de végétalisation, du fait du caractère vivant des plantes. Cette réception partielle ou, a minima, le constat d’achèvement des travaux de végétalisation doit être réalisée, à la demande de l’entreprise, de façon contradictoire entre le maître d’ouvrage, le maître d’oeuvre et l’entreprise.
Ce document a deux fonctions :

  • Vérifier les engagements contractuels de l’entreprise (qualité des produits, conformité avec le plan, respect des essences, variété, densité, etc.) ;
  • Constituer un document opposable en cas de dégradation accidentelle de la couche végétale par des tiers.


2 – Période de confortement
Sous la responsabilité du maître d’ouvrage, il s’agit de la période entre la réception de l’ouvrage et le démarrage de l’entretien courant (voir ci-dessous sa définition). Sa durée varie en fonction de la mise en oeuvre du mode de végétation retenu (voir les tableaux ci-dessous).


3 – Période d’entretien courant
Sous la responsabilité du maître d’ouvrage, cette période commence après l’obtention d’un taux de couverture supérieur ou égal à 80 %.

Un seul contrat formalise l’entretien en périodes de confortement et d’entretien courant. Il est accompagné de la notice technique du système de végétalisation, précisant les opérations à réaliser, fiche à demander au fournisseur de système. L’annexe I des RP TTV précise les prescriptions techniques-types du contrat d’entretien, distinguant le complexe d’étanchéité, un système de végétalisation extensif et un système de végétalisation semi-intensif.


L’entretien du complexe d’étanchéité

Sans entrer dans les détails spécifiés dans les DTU de la série 43, il faut retenir que l’entretien de l’ouvrage d’étanchéité concerne notamment :

  • L’examen général des ouvrages d’étanchéité visibles (relevés d’étanchéité, joints de dilatation, traversées diverses…) ;
  • L’inspection des ouvrages complémentaires visibles tels que murs en élévation, acrotères, garde-corps, pénétrations, etc. ;
  • La vérification et le nettoyage des orifices d’évacuation des eaux pluviales pour leur maintien en bon état de fonctionnement ;
  • L’enlèvement des feuilles mortes, détritus, etc. au droit des zones stériles.

Le Prieure Extensif

L’entretien d’un complexe de végétalisation extensive

Lors du parachèvement, les tâches principales sont :

  • L’enlèvement des déchets apportés sur les surfaces végétalisées et les zones stériles ;
  • La remise en place du substrat en cas de déplacement par le vent ou la pluie ;
  • Le contrôle du développement et le désherbage manuel des végétaux indésirables ;
  • En cas de défaut de reprise (partiel ou total), opération complémentaire de semis (graines ou fragments) ou de plantation (de micro-mottes ou godets) ou d’installation d’éléments précultivés ;
  • La fertilisation d’appoint selon les recommandations du tenant du système de végétalisation ;
  • Le nettoyage des dispositifs d'évacuation d’eaux pluviales ;
  • L’arrosage si nécessaire en relation avec les conditions climatiques à partir du point d’eau mis à disposition par le maître d’ouvrage ;
  • L’hivernage, purge et remise en eau du système d’arrosage éventuel (voir les deux Echos du bâtiment végétalisé précédents) ;
  • Tonte ou fauchage (chaumes, parties aériennes ou inflorescence desséchées) ;
  • Autres travaux spécifiques prescrits par le fournisseur du système de végétalisation.

En période de confortement, les préconisations sont identiques, c’est seulement la responsabilité qui change. L’objectif des travaux de confortement est d’obtenir un taux de couverture au moins égal à 80 %. En fonction du type de végétalisation, la fréquence d’intervention sera variable, comme indiqué dans le tableau ci-dessous :

Duree Confortement if Extensif

Durée de la période de confortement et fréquence minimale d’intervention suivant le mode d’installation de la couche végétale (en extensif)

Pour l’entretien courant, les RP TTV précisent les différentes interventions attendues :

  • Enlèvement des déchets sur les surfaces végétalisées et les zones stériles ;
  • Remise en place du substrat en cas de déplacement par le vent ou la pluie ;
  • Contrôle du développement et désherbage manuel des végétaux indésirables (adventices) et à fort potentiel de développement ;
  • Fertilisation d’appoint selon les recommandations du tenant du système de végétalisation ;
  • Nettoyage des dispositifs d'évacuation d’eaux pluviales ;
  • Arrosage si nécessaire en relation avec les conditions climatiques à partir du point d’eau mis à disposition par le maître d’ouvrage ;
  • Hivernage, purge et remise en eau du système d’arrosage éventuel ;
  • Autres travaux spécifiques prescrits par le fournisseur du système de végétalisation.

La fréquence minimale – sauf précision de la part du tenant du système – est de deux passages par an, quel que soit le mode d’installation de la végétation.

Sanary Semi Intensif

L’entretien d’un complexe de végétalisation semi-intensive

Les préconisations pour les trois périodes pour ce type de complexe de végétalisation sont identiques à celles des végétalisations extensives avec les compléments suivants :

  • Un arrosage fréquent et régulier est le plus souvent nécessaire dans le cas particulier des gazons, la fréquence des tontes est définie par le fournisseur du système ;
  • Maintien de l’équilibre entre les différentes espèces de façon à pérenniser la palette végétale d’origine ou de la faire évoluer harmonieusement, sachant que l’utilisation de produits biocides (pesticides, fongicides, herbicides…) est interdite ;
  • Les plantes semi-ligneuses et ligneuses peuvent faire l'objet de tailles, au même titre que si elles étaient plantées dans un sol naturel ;
  • Les déchets de tontes, tailles et nettoyage peuvent être évacués selon leur volume afin d’éviter les surcharges ponctuelles.

La fréquence est habituellement de quatre interventions par an minimum ; elle peut être accrue selon les préconisations du fournisseur du système et en fonction de la zone climatique, mais aussi des conditions météorologiques. La mise en place de pratiques d’entretien écologiques et respectueuses des cycles naturels de la faune et de la flore des toitures par un personnel formé sont fortement recommandés pour contribuer aux services écosystémiques des toitures végétalisées.
Le tableau ci-après résume la durée de la période de confortement et la fréquence des interventions en fonction du type de plantation :

Duree Confortement Semi Intensif

Durée de la période de confortement et fréquence minimale d’intervention suivant le
mode d’installation des la couche végétale (en semi-intensif)

Saga des RP TTV : The end !

Avec ce numéro, la saga des RP TTV se clôt. La rédaction espère que cette série vous aura permis de vous familiariser avec les solutions dites « légères » (extensif et semi-intensif) pour la végétalisation des toitures et terrasses.
Mais ce n’est pas fini ! Dans les RP TTV, vous trouverez aussi :

  • Un exemple de fiche projet d’aide à la conception d’une toiture végétalisée : page 44 ;
  • Comment la toiture végétalisée peut être un outil de gestion des eaux pluviales : pages 45 à 47 ;
  • Des indications pour les éléments à fournir par l’entreprise en phase d’exécution (page 77), le contrat d’entretien (pages 75 et 76), la teneur de l’étude particulière à effectuer dans le cas de végétalisation sur élément porteur existant en tôles d’acier nervurées (page 78), la constitution d’un document technique de référence d’un système de végétalisation (page 79).